Un souffle de poésie
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Un souffle de poésie

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 René Ghil

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isidore

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MessageSujet: René Ghil   René Ghil Icon_minitimeVen 23 Jan - 7:55

Gjil René ( 1862-1925 )

Dies Irae

Un soir l'Orgue d'église aux spasmes des Violons
Montait loin sa douleur sourde aux râles longs:
Voix de genèse, Amour et Trépas, ô pleurs longs!
Un soir l'Orgue montait dans l'horreur des Violons..

Horreur! la terre pleure, et, grande Trisaïeule,
Par la vulve te l'ovaire aux ouvraisons de gueule
Ainsi qu'Une en gésine appelle et meugle seule:
Horreur! la Terre pleure et tousse en sa Terreur ,
Son sein de glaise rouge et l'immense dièse
de la genèse en pleurs qui la saigne et la lèse:
Horreur! la Mère pleure et du Tout la genèse
Dans le noir a vagi le grand et premier pleur;

Horreur! la terre a mis au monde; et, pris de peur,
Le noir ivre - sonnez! - ulule à voix mauvaise:
Dans l'Inouï sonnez ! ô vous que rien n'apaise,
Sonnez, horreurs du noir et dièse vainqueur!..

Sang des dièses! le Vague, eau de voix noire et pâle,
Voix de gorge se pâme; hors du sexe mâle,
Le pollen doux et rauque et qui de Tout s'exhale
Hurle un péan d'amour et de mâle vouloir:

Sang des dièses! du Tout pleure au loin la nénie :
A la Terre au sein noir l'âme du Vague unie
Doloroso s'éplore : et le pleur de la pluie,
Vide et trépas! haut darde, et sous l'ire du nord
Toue, hélas! de grands Trous et des mares navrées,
Des mares et des mers aux immenses marées
Montant : A Toi, Nihil! ô vainqueur des durées,
A Toi gloire! ô Tueur sans aise ets ans remords !

Vide et Trépas ! la mer ample, en l'ire qui mord,
A des sourdeurs - sonnez! - de gorges éplorées :
Dans l'Inouï sonnez ! ô voix enlougourées !
Ö noir primordial et soupirs sans essor !...

Oh pleurez! longues voix, sourdes voix, voix des larmes !
Voix du monde qui saigne et qu'aux ivresses d'armes
Traverse, pâle et noir, le long peuple en alarmes
Des dièses de l'Orgue et des âpres Violons !
Oh pleurez! longues voix de la lèvre animale :
Rien ne vaut la douleur et la plaisir qui râle ;
Rien ne vaut l'Orgue sourd et l'émoi qui s'exhale
Apre et rauque et damné, des Violons noirs et longs:

Un soir l'Orgue d'église aux spasmes des Violons
Montait loin sa douleur sourde en les râles longs :
Voix de genèse, Amour et Trépas, ô pleurs longs !
Un soir l'Orgue montait dans l'horreur des Violons...

( Légendes d'âmes et de sang )
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MessageSujet: Re: René Ghil   René Ghil Icon_minitimeSam 24 Jan - 13:11

Ah, je ne connaissais pas. Disons que c'est plutôt particulier... Wink
Les images sont plutôt drôles ^^ Du moins, il fallait y penser. (c'est entre viol, accouchement de vache et concert de Bach...lol )
Merci pour cette découverte.
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MessageSujet: Re: René Ghil   René Ghil Icon_minitimeSam 24 Jan - 13:31

René Ghil est pour moi, un choqueur de mots; il a prétendu, et je pense réussi, être tendu par l'impressionnisme." C'est le Frémissement de la Vie rendu sur le papier.Un vers sera un pré ou l'odeur des luzernes - une eau pâle et glauque où des rides s'élargissant; un vers sera l'inexprimable souvenir, devant deux grands yeux pâles et froids d'Aïeule, d'un soir d'hiver où veille la lune algide - un émoi en les reins et la nuque; un vers sera les mille murmures des heures noires, - un dièze de violon, - des voix dans le noir, - la saveur du vent de mer."
Il fut un précurseur, comme Mallarmé notamment des grands chambardement que la poésie allait connaître: cette pâte , cette langue qu'il pétrit dans tous les sens ( sic ) pour en tirer le maximum de force, de sons, préfigurent déjà certains aspects du surréalisme, voire du fauvisme en peinture. Ce sont les mots que l'on extirpe de leur sens premier, pour les provoquer dans des alliages nouveaux, en des images inédites ( Lautréamont avec son parapluie sur la table de vivisection ).
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MessageSujet: Re: René Ghil   René Ghil Icon_minitimeSam 24 Jan - 14:13

Je viens d'aller voir quelques un de ces poèmes (et sa biographie: il était philosophe ? Et maître d'Auguste Comte ? dis-donc...). Je n'avais lu aucun poèmes comme ceux-là, je suis vraiment contente de l'avoir découvert. Ses poèmes sont pour la plupart âcres, rauques, ça accroche, ça pince mais c'est beau et même doux :

Nuit aux terrasses

Ah ! sur les terrasses en prenant nos épaules
longtemps, parmi la nuit d'étoiles à meurtrir
notre gloire, passons ! Mes Yeux pleurent les mondes
qu'ils n'ont point vus, et qu'ils ne verront pas : les ondes
de leur lumière où mon être mortel ne doit
s'épanouir, ouvert en la limite seule
de son expansion ! ouvert, pour qu'en émoi
le traverse le plus de la Matière-aïeule...

Ah ! sur les terrasses en prenant nos épaules
longtemps, parmi la nuit d'étoiles à meurtrir
notre gloire, passons ! Mes Yeux pleurent les Femmes
qu'ils n'ont point vues, et qu'ils ne verront pas. L'air
est algide, qui m'environne du désert
de leurs manquantes présences, - leurs doigts de vie
que mon amour voulut de toute pierrerie
multi-ardente aux soleils ivres, alentir !
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MessageSujet: Re: René Ghil   René Ghil Icon_minitimeSam 24 Jan - 20:49

C'est vrai que c'est un poète sublime. Lorsque je l'ai découvert, je suis resté muet de bonheur!
La poésie est tellement vaste, que l'on n'en finit pas de découvrir des écrits extraordinaires; actuellement, dans le monde vaste des revues, beaucoup de poète(sse)s , souvent inconnu(e)s, maintiennent le flambeau de l'éblouissement.
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MessageSujet: Re: René Ghil   René Ghil Icon_minitime

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