L’ENCRIER DES LARMESVous avez renversé l’encrier de mes larmes
Qui sont venues tacher vos vanités froissées,
Comme un soldat perdu, j’ai déposé les armes :
Tout au bout du chemin, m’attend la liberté.
Adieu, toi mon soleil, ! Adieu à toi ma lune !
Le canon a tonné ; oubliée, terminée,
Je ne saurai jamais, compagnons d’infortune,
Si je vous ai donné même un peu de gaité.
Je m’en vais à présent sur les routes de France,
De Belgique ou d’ailleurs, Normandie ou Brabant,
J’y conterai ma vie aux papillons qui dansent
Et, à chaque caillou, je dirai mon tourment.
Je dois me dépêcher car la route est si dense,
J’ai déjà tant foulé de sentiers, de déserts,
J’ai bien trop musardé aux miroirs de l’enfance,
Il me reste si peu de temps sur cette terre !
S'il me reste un ami, j'aimerais bien qu'il sache
Qu'il n'a jamais été oublié, ni trahi,
Que, dans mon cœur serré, la flamme qui se cache
Brûlera, pour toujours, sans le moindre répit.
Vous avez renversé l’encrier de mes larmes
Qui sont venues tacher vos vanités froissées,
Comme un soldat perdu, j’ai déposé les armes :
Tout au bout du chemin... m’attend la liberté...