DESILLUSIONS J’ai donné l’eau si pure à la source
Et le vent aux nuages pressés,
J’ai offert l’étoile à la grande ourse,
Le soleil à la grappe dorée.
J’ai comblé le printemps de merveilles,
Parfumé la rosée du matin
D’un arôme à nul autre pareil,
Au rossignol, un chant si divin.
J’ai uni le tonnerre à l’orage,
L’éclaircie, l’arc-en-ciel, au soleil
Et j’ai confié, aux oies de passage,
Les secrets de la vie et du ciel.
J’ai alloué l’ombre à la lumière,
J’ai habillé les vagues d’écume,
Quand l’océan s’habille de brume,
Les embruns viennent griser la mer.
J’ai donné le verger à la pomme,
J’ai soufflé le simoun au désert,
J’y ai semé des feuilles d’automne,
Maquillé l’horizon et la terre.
J’ai apporté le sable à la dune,
Coquillage à la plage dorée,
Pour que les amants, au clair de lune,
Puissent s’y aimer sans se cacher.
J’ai légué la neige à la montagne,
A l’automne, des larmes de pluie,
J’ai bâti tant de châteaux d’Espagne
Comme des cartes évanouies :
Et, dans un moment d’égarement,
Jai conçu les hommes sur la terre,
Je n’aurais pas dû, que c’est navrant…
Et, sur mon paradis, c’est l’enfer !