Un souffle de poésie Des poèmes d'auteurs connus ou méconnus ainsi que ceux des membres du forum. |
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| Arthur Rimbaud | |
| | Auteur | Message |
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Veritseger Admin
Nombre de messages : 439 Localisation : Spleenant, mais pas à Paris... Date d'inscription : 22/06/2007
| Sujet: Arthur Rimbaud Mer 7 Nov - 18:01 | |
| C'est par lui qu'a commencé mon amour de la poésie... Il n'était peut-être qu'un sale gosse fugueur, mais qu'importe? Ses vers sont tellement forts... Il est l'un des poètes français les plus connus, mais sans aucun doute à juste raison. http://fr.wikipedia.org/wiki/Arthur_RimbaudVoici mon poème préféré: Le Bal des Pendus
Au gibet noir, manchot aimable, Dansent, dansent les paladins, Les maigres paladins du diable, Les squelettes de Saladins. Messire Belzébuth tire par la cravate Ses petits pantins noirs grimaçant sur le ciel, Et, leur claquant au front un revers de savate,
Les fait danser, danser aux sons d'un vieux Noël ! Et les pantins choqués enlacent leurs bras grêles Comme des orgues noirs, les poitrines à jour Que serraient autrefois les gentes damoiselles Se heurtent longuement dans un hideux amour. Hurrah ! les gais danseurs, qui n'avez plus de panse ! On peut cabrioler, les tréteaux sont si longs ! Hop ! qu'on ne sache plus si c'est bataille ou danse ! Belzébuth enragé racle ses violons !
Ô durs talons, jamais on n'use sa sandale ! Presque tous ont quitté la chemise de peau ; Le reste est peu gênant et se voit sans scandale. Sur les crânes, la neige applique un blanc chapeau : Le corbeau fait panache à ces têtes fêlées, Un morceau de chair tremble à leur maigre menton : On dirait, tournoyant dans les sombres mêlées,
Des preux, raides, heurtant armures de carton. Hurrah ! la bise siffle au grand bal des squelettes ! Le gibet noir mugit comme un orgue de fer ! Les loups vont répondant des forêts violettes : A l'horizon, le ciel est d'un rouge d'enfer..
Holà, secouez-moi ces capitans funèbres Qui défilent, sournois, de leurs gros doigts cassés Un chapelet d'amour sur leurs pâles vertèbres : Ce n'est pas un moustier ici, les trépassés ! Oh ! voilà qu'au milieu de la danse macabre Bondit dans le ciel rouge un grand squelette fou Emporté par l'élan, comme un cheval se cabre : Et, se sentant encor la corde raide au cou, Crispe ses petits doigts sur son fémur qui craque Avec des cris pareils à des ricanements, Et, comme un baladin rentre dans la baraque, Rebondit dans le bal au chant des ossements
Au gibet noir, manchot aimable, Dansent, dansent les paladins, Les maigres paladins du diable, Les squelettes de Saladins. | |
| | | Veritseger Admin
Nombre de messages : 439 Localisation : Spleenant, mais pas à Paris... Date d'inscription : 22/06/2007
| Sujet: Re: Arthur Rimbaud Mer 7 Nov - 18:04 | |
| Voyelles.
A noir, E blanc, I rouge, U vert, O bleu : voyelles, Je dirai quelque jour vos naissances latentes : A, noir corset velu des mouches éclatantes Qui bombinent autour des puanteurs cruelles,
Golfes d'ombre ; E, candeurs des vapeurs et des tentes, Lances des glaciers fiers, rois blancs, frissons d'ombelles ; I, pourpres, sang craché, rire des lèvres belles Dans la colère ou les ivresses pénitentes ;
U, cycles, vibrements divins des mers virides, Paix des pâtis semés d'animaux, paix des rides Que l'alchimie imprime aux grands fronts studieux ;
O, suprême Clairon plein des strideurs étranges, Silences traversés des Mondes et des Anges ; - O l'Oméga, rayon violet de Ses Yeux ! | |
| | | Veritseger Admin
Nombre de messages : 439 Localisation : Spleenant, mais pas à Paris... Date d'inscription : 22/06/2007
| Sujet: Re: Arthur Rimbaud Sam 1 Mai - 11:45 | |
| Honte
Tant que la lame n'aura Pas coupé cette cervelle, Ce paquet blanc, vert et gras, A vapeur jamais nouvelle,
(Ah ! Lui, devrait couper son Nez, sa lèvre, ses oreilles, Son ventre ! et faire abandon De ses jambes ! ô merveille !)
Mais non ; vrai, je crois que tant Que pour sa tête la lame, Que les cailloux pour son flanc, Que pour ses boyaux la flamme,
N'auront pas agi, l'enfant Gêneur, la si sotte bête, Ne doit cesser un instant De ruser et d'être traître,
Comme un chat des Monts-Rocheux, D'empuantir toutes sphères ! Qu'à sa mort pourtant, ô mon Dieu ! S'élève quelque prière ! | |
| | | Veritseger Admin
Nombre de messages : 439 Localisation : Spleenant, mais pas à Paris... Date d'inscription : 22/06/2007
| Sujet: Re: Arthur Rimbaud Lun 10 Sep - 13:15 | |
| Aube
J’ai embrassé l’aube d’été.
Rien ne bougeait encore au front des palais. L’eau était morte. Les camps d’ombres ne quittaient pas la route du bois. J’ai marché, réveillant les haleines vives et tièdes, et les pierreries regardèrent, et les ailes se levèrent sans bruit.
La première entreprise fut, dans le sentier déjà empli de frais et blêmes éclats, une fleur qui me dit son nom.
Je ris au wasserfall blond qui s’échevela à travers les sapins : à la cime argentée je reconnus la déesse.
Alors je levai un à un les voiles. Dans l’allée, en agitant les bras. Par la plaine, où je l’ai dénoncée au coq. A la grand’ville elle fuyait parmi les clochers et les dômes, et courant comme un mendiant sur les quais de marbre, je la chassais.
En haut de la route, près d’un bois de lauriers, je l’ai entourée avec ses voiles amassés, et j’ai senti un peu son immense corps. L’aube et l’enfant tombèrent au bas du bois.
Au réveil il était midi.
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