Veritseger Admin
Nombre de messages : 439 Localisation : Spleenant, mais pas à Paris... Date d'inscription : 22/06/2007
| Sujet: Georges RODENBACH (1855-1898) Lun 7 Avr - 12:40 | |
| Les cygnes blancs...
Les cygnes blancs, dans les canaux des villes mortes, Parmi l'eau pâle où les vieux murs sont décalqués Avec des noirs usés d'estampes et d'eaux-fortes, Les cygnes vont comme du songe entre les quais.
Et le soir, sur les eaux doucement remuées, Ces cygnes imprévus, venant on ne sait d'où, Dans un chemin lacté d'astres et de nuées Mangent des fleurs de lune en allongeant le cou.
Or ces cygnes, ce sont des âmes de naguères Qui n'ont vécu qu'à peine et renaîtront plus tard, Poètes s'apprenant aux silences de l'art, Qui s'épurent encore en ces blancs sanctuaires,
Poètes décédés enfants, sans avoir pu Fleurir avec des pleurs une gloire et des nimbes, Ames qui reprendront leur oeuvre interrompu Et demeurent dans ces canaux comme en des limbes !
Mais les cygnes royaux sentant la mort venir Se mettront à chanter parmi ces eaux plaintives Et leur voix presque humaine ira meurtrir les rives D'un air de commencer plutôt que de finir...
Car dans votre agonie, ô grands oiseaux insignes, Ce qui chante déjà c'est l'âme s'évadant D'enfants-poètes qui vont revivre en gardant Quelque chose de vous, les ancêtres, les cygnes ! | |
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| Sujet: Re: Georges RODENBACH (1855-1898) Lun 10 Sep - 13:30 | |
| Le Voyage dans les yeux
VII
Les yeux sont des bassins d'eau changeante qui dort, Où, parmi des frissons de moires remuées, Appareille une flotte éparse de nuées, Voiles blanches qui vont vers un horizon d'or; Mais parfois certains grands nuages couleur d'encre S' immobilisent comme en quarantaine, au fond De tels beaux yeux de qui l'étiage est profond Et qui portent en eux ces nuages à l' ancre.
"Le Voyage dans les Yeux" 1893. | |
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