Poèmes

Alors que sur la plaine était posée comme une couverture, bleue perlée, la nuit, Prométhée, voleur de feu, l'a tirée d'un geste comme ça, brusquement, dévoilant d'une manière, courant flammes en main, d'une manière à la fois douce et brutale, chassé les perles, renvoyées au firmament qui se cache, qui a peur, dévoilé le cru du jour, de la promesse, et son goût du risque, sa fièvre, sa folie bienveillante, il est redescendu avec la lumière, sur cette terre ravivée, armé de tout cela, et du feu, animal sauvage.

Dans la descente
la rue des magnolias
du temps poursuivi
des ombres étreintes
jetées, élastiques, en travers de la voie
retenant leur souffle entre
les phares des voitures qui passent, passent...
se font dépasser

Une fleur cueillie
de magnolia
volée
par un des faux jumeaux
il remontait la pente
les mains de ses poches
profondes comme la nuit
il y a déposé en offrande
la fleur

A vouloir sa propre perte

saisir l'immense, immense, immense...

de ses deux mains

adroites maladroites

éprise, prise par l'imaginaire

Tout en mouvements - si décomposés -
ils ramassaient la poussière
tombée des nues
- toute nue -
leurs longs cous penchés
triste offense
- personne pour les aider -

Rivage-mirage,
où étais-tu ?
Après le sentier des joncs desséchés
au bout des terres abimées
sur le tranchant du jour naissant
caché dans les cheveux du fleuve
après un virage-mirage peut-être...
Ils t'attendaient, tous les deux, pour se nouer
et s'expirer, sur ton dos gris ondulé

A l'ouest je dérive
à la proue de ton sein
tu me fais tanguer, chavirer
aimer
comme un aveugle aime la lumière

Rafoufou a écrit:

A vouloir sa propre perte

saisir l'immense, immense, immense...

de ses deux mains

adroites maladroites

éprise, prise par l'imaginaire

Celui-là m'intrigue quelque peu...je l'aime bien ^^(l'immense immense quoi ? du coup on se fait un peu sa propre idée de l'immense, ça donne un bon effet, enfin je trouve) It's very great indeed !

j'espère bien que l'ambiance a changé ! on s'ennuierait sinon !! ^^ Baf oui ma fin d'année s'est bien passée, je reviens sur Lorient pour l'année prochaine, en Anglais à l'UBS. Et toi alors, tu fais quoi l'année prochaine ?

Bisous, tes derniers poèmes sont très bons !! (de mon côté j'ai vraiment peu d'inspiration ces derniers temps.. )

A demi le jour
a demi le parcours
a quelle planète pense-t-il,
étendu sur la digue ?

loin, plus loin encore
sur une terre émergée
vibrante de silence
je l'ai retrouvé
l'homme que j'ai vu
entre le rêve et le réveil
marché, j'ai tant marché
pour trouver le tireur
le tireur d'étoiles filantes
(celles qui glissent à la surface
des nuits blanches)
avec son canon, sa poudre et son bâton
il envoyait les pierres
par delà la mer
comme un signal
vain, mais amical
il avait pour habitude
de faire une entaille sur son bâton
après chaque tir
j'ai volé son bâton
couru vers chez moi
et à ma fenêtre désormais
il n'y a plus que des étoiles immobiles

Par les interstices du destin
en faisant défiler les ombres
- pauvres contours, qui rentrent chez eux-
tu m'as encore prouvé
l'impossible
dernier magicien
en activité
-rites blancs ou os roses-
osmose
l'envie même
de se tromper

Ton nom est-il à jamais effacé
de la mémoire du monde ?
Libérez les chevaux, du torrent des voix
le moment où tu te rends à toi-même
passerelle à l'astral
j'ai jeté le pont
comme une réponse
cache-cache
des venues sibyllines
de tes doubles tes reflets
en long
cheminement
les pavés parlent
les bancs pensent
les pétales multipliées
brunes
dans le caniveau
à l'endroit où les lignes de fin du monde
s'intervallent
fausses ou belles
magnétiques
du fin fond de la Parole
ce qui nous fait hommes
de la fin presque
de la fin alors

Depuis qu'ils ont mis l'horizon sous les barreaux
plus de ces filets d'or offerts au ciel
de ces pâles processions, solaires
du murmure orchestré des morts d'été
plus d'eau fraîche, ni d'écho, ni de mots
mais un peu plus de sermons
d'hésitations
de poésitation

Toutes les toi englouties
elles coulent, bercées,
chahutées, elles roulent
elles dévalent en moi
les pentes
de tout leur élan
elles serpentent
elles s'isolent, elles s'endorment
dans toutes les cachettes en moi

Quand je rentre le soir
je vois
des gens qui sortent leur chien
la Lune toute en séquence
et des fantômes à l'arrière des voitures vides

Toutes les demeures
les rues ondulantes
tout ce qui demeure
semble tenté par le vide.

En un recoin de moi je te porte
dans ta main droite une bougie
et quand tu fais claquer les doigts
de ta main gauche
la Ville se fait Nature
des ruisseaux percent
sous les ellipses du soleil
les maisons se font saisons
les phares nénuphars
la nuit, que je croyais menteuse
avoue la vérité - lumineuse -

Face à tout ce jour
j'ai peur de me tourner
vers ma nuit intérieure
là-bas
ta bougie s'est éteinte.

Alors...dans tes derniers poèmes...j'aime bien le dernier, avec une touche de routine, je trouve toujours ça sympa. (^^) Et La fin aussi, avec "les pavés parlent, les bancs pensent" et "l'endroit où les lignes de fin du monde s'intervallent fausses ou belles magnétiques " .........