isidore
Nombre de messages : 62 Localisation : normandie Loisirs : écriture,lecture, musique(écoute) Date d'inscription : 17/12/2007
| Sujet: Jean-Pierre Duprey Sam 18 Avr - 20:22 | |
| S'il est des poètes maudits, Duprey en est un. A 19 ans, habité par ses doubles, à l'écoute de la dictée intérieure, il écrit les poèmes de Derrière son double et une pièce, la Forêt sacrilège, qui lui valent l'admiration de Breton. En 1951, il se tait, devient peintre et sculpteur. Quand la parole, hantée par la mort, plus encore par la nostalgie de la vraie vie, le possède de nouveau. Il écrit les textes superbes et déchirés de la Fin et la manière, dont il pote le manuscrit à Breton avant d'entrer dans le silence définitif, par le suicide.
Allez-vous en, vous n'êtes pas joués! Il fait si noir qu'on n'a jamais gravé les cartes. Allez-vous en , on vous a joués. Le soleil n'a jamais fait partie des livraisons du jour et la terre n'est qu'une ride de vieillesse. Celui qui aime l'atome ne mange que du néant. Celui qui croit prendre un chemin ne prend que son corps par la fatigue. J'avais pourtant trouvé de la viande dans les statues...et quelque chose de touchable qui s'insérait, ne quittait jamais la main, cette main, ma main. Mais la main, l'ombre d'un geste, n'avait jamais quitté cette sépulture anticipée, ce grand dortoir des autres. peuplé, peuplé.. D'un grand fauteuil qui n'invite personne.. D'une clef oeuvrée qui n'explique rien, Trouvée dans la main D'un pensionnaire de la maison détruite, quelqu'un payé très cher pour rien.
Et dans un coin du sommeil des autres, lui, là-bas, sa peau se déplace. A quoi t'entraînes-tu ? Qui donc te rêve ? Il n'a rien vu, rien entendu : son corps l'avait porté à la dernière dimension nocturne, jusqu'à l'issue du dernier hasard. Le dernier hasard...Un grand brouillard en place. En avant, drapeau noir! Les démons, on vous somme, plus d'hésitation ! L'habitude de la réalité exige une belle autorité. Moi, je n'aurais jamais dû me prendre les pieds dans cette galaxie ! ( La Fin et la manière ).
REPOSEZ-VOUS
Reposez-vous, mangeurs de choses, Ou prenez-moi par une main qui dévore. Au fond du jeu qui me suppose, Se font, se défont les tissus du corps.
Reposez-moi, mangeurs de choses, Entre les doigts défaits de la main bleue Qui file, autour de la nuit qui m'expose, Ses ongles, larmes séchées d'anges creux.
J'ai mémoire encore de poutrelles, Au-dessus du lac qui saborde Ses propres surfaces sous ses ailes; Et puis les gestes prêtés à l'ordre
Et les gestes d'intervention D'une muraille plantée de coudes Qui ne jure l'absolution Que pour cette partie de chair lourde
Pressée ailleurs ; Alors qu'ailleurs encore Ailleurs encore Toutes mes parties de peur Parties de peur Tournent autour de la charrette des couleurs. ( La Fin et la Manière ) | |
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