Veritseger Admin
Nombre de messages : 439 Localisation : Spleenant, mais pas à Paris... Date d'inscription : 22/06/2007
| Sujet: Robert Rovini Lun 23 Juil - 13:47 | |
| Robert Rovini(1925-1968) Traducteur des poètes allemands, on retrouve dans ses poèmes une angoisse tenue à distance, l'inquiétude de Novalis et de Hölderlin. Trakl n'est pas loin non plus, mais chez Rovini, une sorte de fierté noire maintient les choses à son pas. Poète de l'ombre, condamné à mort en sursis, il vivait à Nice, loin des jeux littéraires, une sorte de "vie recluse" en poésie. L'amitié de Norge devait l'ensoleiller. Il a publié Elémentaire, Nombre d'Autres, Poèmes.
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Goût du sel
Et je vais le long de la vieille mer, Flambant, carbonisé, La rouge braise au cœur, Et je n’ai plus de tête et je n’ai plus de corps, Je suis un sang, le mien qui jette ses vagues Et fait danser ce bois flotté, Ce rien de matière où la mémoire a mis ses trous. La main ne connaît pas son poids, Qui a jamais soulevé, jamais pesé son passé ? Mais le long de la mer, la vieille mer qui râle, Danse avec moi cette ombre de matière, Et roulent les galets dans la froideur salée, Roulent les noms dans l’infini murmure. Le soir, Vénus, la brise inhabitée, Tout est moi disparu, tout est signe, Au bout des nerfs les langues sont usées, Seul le silence parle Et l’oreille est au fond des rochers creux Parmi les allées d’algues et leurs venues. Ô goût de la planète, saveur broyée aux dents, On dort bien dans un homme éparpillé, Évapore au vide, on ne sait plus qui rêve, La flamme court en haut sur son chemin de vagues… | |
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