Veritseger Admin
Nombre de messages : 439 Localisation : Spleenant, mais pas à Paris... Date d'inscription : 22/06/2007
| Sujet: Odilon-Jean PÉRIER (1901-1928) Dim 18 Mai - 0:47 | |
| Un poète que je viens de découvrir et qui me plaît bien: Odilon- Jean Périer. Voici quelques uns de ses poèmes: Mon amie.
La pluie fait une ville Difficile à aimer Point du jour Point du soir Et pointe du plaisir. Des goûts et des couleurs Plus vives que jamais... Ainsi la pluie me parle Au coeur
Ô patrie légère Ô maison de fil Mes amis, mes frères Vous connaissent-ils ? Ils parlent d'amour Je n'en ai que faire
Je chante à mon tour Et je vis d'eau claire. ************ Mon paysLa Ville est dans ma chambre Ce fauteuil est un port. Avez-vous vu mes lampes Mes mâts et mes bateaux ? Le tabac et les vagues Chantantes du ciel noir, Le jeu, le bruit des algues Aux vitres, mes miroirs, Tout m'y plaît, m'y agrée : J'y respire un bon air Léger comme un beau vers. Ô ville ravagée Restez dans ma maison Qui n'a qu'une saison. ************* Mort d'un Dieu
On meurt dans la pluie. La Douleur du Nord Aime ce décor En saisons pourries.
Pégase y est mort Une nuit de pluie. Pourquoi, Poésie, Ce cri vers le Nord ?
Les ailes cassées Dans des cheminées Saigne l'ange lourd :
Ô ville épuisée Qui t'es couronnée Du corps de l'Amour. | |
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isidore
Nombre de messages : 62 Localisation : normandie Loisirs : écriture,lecture, musique(écoute) Date d'inscription : 17/12/2007
| Sujet: Gisèle Prassinos Lun 19 Mai - 19:59 | |
| oui, veritseger; poèmes très intéressants, personnels.Merci.
Rêve éveillé
Pigée crut que son fils la questionnait. Aussi elle se leva et, rampant, s'accrochant aux rebors des meubles, elle parvint à toucher le pied du fauteuil où elle s'appuya. Là se trouvait son enfant. Elle le prit dans son tablier et le tint quelque temps, sentant les doigts percés du petit lui gratter les poumons. Il ne devait pas avoir beaucoupde mémoire, car de temps en temps, une plainte forte s'échappait du tablier plein. Pigée le soulevait, approchait ses lèvres et baisait la chair trempée. Alors, elle s'apercevait que l'enfant manquait de vertèbres, qu'il ne resterait pas longtemps au chaud, dans la cretonne..Parfois, elle voulait le pincer pour qu'il parlât, mais ses doigts glissaient sur la peau et elle comprenait qu'il n'avait pas de consistance. Elle voulut ramper dehors; mais, comme le feu atteignait le mur, elle craignit le Diable qui venait parfois lui toucher le sang. Elle voulut se lever; l'enfant tomba et se replaça sous le fauteuil, pendant que Pigée lançait ses doigts dans les flammes, tout doucement, a cause de ses bagues qui la faisaient trembler. Il y avait derrière la porte une sorte de chien qui voulait entrer. Depuis qu'il pleuvait, ses pattes périlleuses s'aggrippaient à la porte que l'on voyait osciller par moments. Pigé avait peu qu'il ne rencersât les planches par ses bonds. Elle pensa que ce chien voulait éteindre le feu et prendre le petit, qui lui appartenait peutêtre? elle rampa plus vite. En passant devant le garde-manger, elle allongea le bras et put prendre une cuiller argentée. Elle la mit dans sa ceinture et continua sa marche traînante avec ses doigts qui couraient sur le plancher en trouant les fils qui la recouvraient. Mais elle n'avait pas vu le fei qui la poursuivait, attiré par la cuiller. Il tenait au-dessus de lui le petit monstre invisible , dont la peau huileuse ne pouvait pas brûler.Le feu avançait une pointe longue , effilée, de la couleur d'une fleur. Il voulait s'accrocher aux pieds de Pigée pour la prendre ; mais elle sentait son souffle la précéder et elle s'efforçait de trouer les fils encore plus vite..Elle arriva bientôt à la porte qu'elle ouvrit: le chien n'y ètait plus; ses pattes seules étaient suspendues à la première planche. Pigée ne dit rien. elle descendit les trois marches malgré l'absence de fil. le feu approchait sa langue de plus en plus fine. Il formait un crochet pour mieux piquer sa proie. Mais celle-ci courait, ses mains déchirées déjà presque enflammées. elle arriva bientôt sur la terre non pavée où elle put ramper plus furieusement. Alors le feu, qui n'avait pas de jambes, n'arriva aps jusqu'à elle. Sa langue recualit et il faisait de vains efforts avec l'enfant sur son dos rond.. Pigée empoigna le parapet. Ses pieds atteignirent le sommet, mais ses mains malades se collèrent au métal. Le temps perdu fit avancer le feu. Il réussit à s'accrocher au pied de Pigée qui, d'un dernier effort, parvin à se jeter à l'eau. Le feu la suivit. Mais, quand sa langue toucha l'eau, un bouillonnement se produisit, avec un bruit semblable à celui d'une allumette enflammée jetée dans l'eau froide. D'un seul coup, le feu fut dévoré par l'eau.. L'enfant qui siégeait au-dessus de lui devint de l'huile. Il s'épanouit sur la surface de l'eau et forma des milliers de petites taches déformées où l'on vit des maisons coloriées.. Le feu maniaque
Gisèle Passinos née en 1920 à Istambul d'un père grec et d'une mère d'origine italienne.Elle est la soeur du peintre Mario Prassinos. Entre 1942 et 1956, elle est successivement jardinière d'enfants, sténo-dactylo. C'est henri Parisot qui découvre ses poèmes alors qu'elle est âgée de 14 ans, et qui la présente à André Breton, Paul eluard. Elle publie à 15 ans, dans la revue "minotaure" ses premiers textes. Elle écrit sans discontinuité jusqu'en 1975 " Brelin le fou" et se voit couronnée du prix louise Labé en 1972; | |
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Veritseger Admin
Nombre de messages : 439 Localisation : Spleenant, mais pas à Paris... Date d'inscription : 22/06/2007
| Sujet: Re: Odilon-Jean PÉRIER (1901-1928) Sam 1 Mai - 11:59 | |
| Il pleut. je n'ai plus rien à dire de moi-même
" La terre montre au ciel ce qu'elle a de plus beau. " Simon Senne.
A Robert De Geynst
Il pleut. je n'ai plus rien à dire de moi-même Et tout ce que j'aimais, comme le sable fin Sans peser sur la plage où les vents le dispersent (Amour dont je traçais un émouvant dessin)
S'évanouit... La seule étendue inutile Mais seule, mais unie, en pente vers la mer, Me laisse par l'écume aller d'un pas tranquille Qu'elle efface après moi. Toi, paysage amer,
Paysage marin, le seul où je sois libre, Qui parle mieux qu'un homme, avec plus de grandeur, Donne-moi, pour un soir, cette raison de vivre, - Le secret de ta grâce au milieu du malheur :
Sans faiblesses, sans fleurs charmantes ni flétries Mais tellement plus beau qu'aucun ouvrage humain, La terre unie au ciel par la foudre ou la pluie Et les quatre éléments tenus dans une main.
Vous faites ces beautés, lumières de l'orage, Dunes, léger trésor, mouvement des éclairs, - Mais il reste à traduire un si noble langage Et vous n'aurez de sens que celui de mes vers
- Quand je n'avais plus rien à dire de moi-même Ce paysage m'a répondu sagement : Car la création est le jeu que je mène Et jusqu'à mes ennuis doivent former un chant. | |
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| Sujet: Re: Odilon-Jean PÉRIER (1901-1928) | |
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