Veripoèmes

Strange Fruit

Chapeaux blancs ou noirs
Chapeaux pointus
Turlututu
Blanc contre noirs
Noir contre crétins
Tous brûlés pendus
Tous tués foutus
Mal traités pire que chien
Kuk fluc - pan !
Ku Klux Klan
Empanachés
Dépenaillés
Noire sorcière
Blanc crétin
Pire que chien
Votre tête, très cher
Dans la boucle, oui !
Et clac et shlac et argh !
Trop sombre hop dans l'arbre,
L'arbre à l'étrange fruit...

Une personne qui ne sert à rien
Est un moyen
L'Humanité est monstrueuse
La cervelle venteuse
Le coeur glacé
Bestialité
Moyen d'horreur
Humain malheur
Quelle utilité ?
Monstruosité
L'inutile mène-t-il au meurtre ?
On dit inhumain
Qu'est-ce ?
C'est bien humain, vilain
Une pièce, siouplèt, une pièce
Et on regarde ailleurs
Dans nos rangs, règne de peur
Trône de larmes, de cris
Roi du monde, Roi-Terreur
L'inutile, compatissant, sourit
Du Royaume de l'Erreur.

Le meilleur ignorant
Est le pire des savants
Et les grands inutiles
Qui se l'avouent
Sont supérieurs
A ceux qui croient à
l'inutilité
- Sans s'y inclure.

L'idée des Idées
Idéal
Idéalisé

Le pire du pire
Et le meilleur du meilleur
Sont deux extrêmes
Illusoires.

Feuille volante
Haut, haut !
Dans les cimes
Effleurant un nuage
A tête de chat
Feuille volante, virvoltente,
Qui emprunte les ailes du vent
Virvolti, virvolta
Lève la queue et puis
S'en va !

Deuil de la feuille

Noire d'encre

Le Bal des nuages.

La valse des nuages a commencé
Après vous, très chère
Venez, bel ami Golfière
Et danse et danse et transpirons
Goutte goutte, goûtons !
Succulente cette goutte,
Quel est son terroir ?
France, France, très chère !
France, fronçons, fonçons
Dans la gouttière
Afin de couler sur cette franceté,
Quelle volupté !

Néant a dit.

Courbes et lumières
Sur le front d'Aube
Les cils d'Arbre frôlent
Les jupes de Brouillard
Et Nuage lance des trombes
A son frère Pierre
"Cessez ces chamailleries !"
Dit Père
Et Silence vient
Monde n'est plus.

Course vers l'Est
Blanc Nuage
Bleu Ciel
Soleil Vienne
Course vers l'Est
Tour du monde
Au goutte à goutte
Voyageons ?
Non, nuageons !

Les gens aiment m'offrir des sacs
Achetez-m'en !
- Pour que je m'y enferme.

Fête-Martyr

Un rire sinistre transperce mon coeur
Un autre effleure mes dents
Avalé de travers, il m'étrangle
Joué, il m'attriste et mes larmes coulent
Il fait beau aujourd'hui, Monsieur
C'est mon anniversaire
Ah, merci bien, Monsieur
La fête, anesthésiée, pleure sur mon épaule
On l'a découpée en tout petits morceaux
Soigneusement, consciencieusement
Le boucher a pris les filets
Les rognons, la cervelle et les boyaux
Et a laissé le reste. Oui, tout le reste
Et la fête s'est vidée de son bonheur
Là, sur le pavé, seule, sans personne
pour la sauver
C'était un sacré anniversaire, Monsieur
Comme on en voit en se penchant un peu
Oui, voyez, vous marchez dessus.

Il est dans ta poche...

Des poèmes sur les lèvres
Des cailloux dans la tête
De la glace au coeur
Un crayon dans les mains
- Et le papier alors ?

Au fond d'un rêve froid
Un feu attend
Il attend le bois
L'étincelle nécessaire

Sur son lit de neige (gît)
Le rêveur - il attend lui aussi
On-ne-sait-quoi
- Attente millénaire

Rester, patienter
Sans chercher
On oubli
Ce qui nous est cher
- Ce pour quoi on vit

Au fond d'un rêve froid
Un feu vrombit
Le rêveur marche dans les bois
La forêt assombrie
Et l'homme au flambeau
- Qui brûlera en premier
Qui tombera seul dans la nuit
Peut-être l'arbre soutiendra-t-il l'homme
Peut-être l'homme soutiendra-t-il l'arbre
Réveillez-vous, vous verrez bien.

Gore, non, je ne crois pas; c'est seulement une réflexion sur le corps, son positionnement, son sort..

La nature, l'observation des astres n'en fait pas obligatoirement un(e) lunaire. C'est aussi une façon de parler, d'interroger plus grand, plus mystérieux que soi ( que nous ).

Quelle sensation étrange -
Revoir quelqu'un que l'on voyait
Tout le temps.

La voix du souvenir -
Que dire ?
Merci.

Soleil sur les toits -
Le cri d'un goeland,
tout proche,
et les drisses dans le vent -
L'univers s'est arrêté.

"Viens, viens", dit-il
L'Océan,
L'Océan
m'appelle-
mais il fait froid
attendons encore
quelques mois.

Avec un peu de retard, je lis et relis tes poèmes et les apprécie. Parmi les plus récents, " au fond d'un rêve froid" magnifique!
Et celui du 26 décembre me plaît également. J'aime notamment la désarticulation de la syntaxe, le positionnement de l'écriture dans l'espace, le "jeu" avec la page, le papier; ce n'est pas un exercice gratuit, mais un positionnement de la pensée, des images ayant franchi la linéarité. Bravo Veritseger!

Merki

Juan Ramon Jiménez a dit : "Si l'on vous donne du papier avec des lignes, écrivez du côté où il n'y en a pas.", on peut aussi appliquer cette règle avec la technique poétique ^^

Un petit souvenir du bac, retrouvé sur une feuille volante :

LV2, CO2

Les mains ont des crampes
Et les chevilles démangent
Articulations qui craquent
Cervelle dérape
Une heure, deux heures
Quelle heure ?
Combien ?
A ti te gusta este ejercicio ?
Oh, no !
Hablarti o ti hablar ?
Piace - dispiace
Pienso - piensas - piensa
Oh, le beau zéro !!
Et patatra...
Et flic et floc
Et rate et flûte (- crotte !)
Auriculaire va en enfer
Majeur me sert peu d'heures
Le pouce dégoutte
Crayon en panne
Tous en grève
Jusqu'à demain
Matin
Enterrement joyeusement.

Souvenir d'été (c'est dingue ce qu'on peut trouver comme bouts de papiers...):

tic-tac monde
tic-tac bombe
tic-tac temps
Chaleur d'été
au fond du lit
- trop chaud
Fournaise
n'importe quoi
pour un coin d'hiver.

Je fonds
- flic-flac
flic-flac
Je coule sur le plancher
dissolution
estivale
- festivale ?

Un démon de Lovecraft
à la fenêtre
- je ne vois aucune merveille ?

Orage passé
fraîcheur fût
ô chaleur bien
trop installée !

Il y a un autre monde

Il y a un monde où les hommes
sont tous verts
ou bien bleus
et tous égaux.
Il y a un monde où les hommes
parlent la même langue
dialoguent entre eux
et sont heureux.
Il y a un monde où les hommes
n'existent pas
et tout va pour le mieux.

Il y a un autre monde.

JANVIER

Un lit blanc a recouvert le paysage
un chat y aventure une patte - "!" -
dehors il fait si froid
que même les oiseaux se faufilent prudemment
entre deux flocons.
Une croute immaculée
sous les chaussures
balade dans la campagne silencieuse
le chemin défiguré
et tous les arbres revêtus
d'une tenue funéraire.
en mon coeur le deuil -
Pourquoi faut-il que chaque année
quelqu'un que j'aime meurt ?
Un jour, ce sera mon tour,
alors je ne me poserai plus la question.

PLUIE

La neige criblée de gouttes
comme d'un cadavre criblé de balles
blancheur tachée, profanée
moi aussi l'ai piétinée
Au ciel en larmes
l'innocence juvénile
d'un enfant de quatre ans
j'aimerai avoir encore un peu
de cette innocence
et pleurer pareil.

En un souffle

Une étoile, là
Là, regarde bien

Sans prévenir
Comme ça - disparition
Avec un léger souffle
de souvenir
Du déjà-vu un léger
arrière goût.

Le savais-tu
En partant
trou béant
charpies
lambeaux
- loques.

Sur un visage
un sourire
goût du pire
de passage
Dans la bouche
amertume rincée
loque revivifiée.

L'étoile revenue
et toujours cette peur
toujours là même
inchangée
abandonnée

A l'aube ; personne
- pincement -
Ils auraient
tout de même
pu prévenir...

MUSE

Perdition
manque d'inspiration
Frustration
feuille blanche
Abandon
dehors, un autre oiseau chante.

(Bon, j'ai exagéré, je sais, je sais...coup de blues d'une écolo...)

Génération perdue

Nous sommes ceux dans l'attente
ceux sur le carreaux
derrière les barreaux

On en aura eu de la patience
- heures occupées par l'absence
Les aiguilles qui tournent au cadran
- l'absence, l'attente, désespérément.

On ne sait plus quoi faire
se taire
se taire...
Personne ne sait plus
Nous sommes la génération perdue
La génération sévère
La génération des airs
désert
dessert
Génération "fair" or "unfair" ?
Plus rien affaire
Nasser
sert
pendue, génération foutue
On nous l'a dit, plusieurs fois
Nous sommes la génération perdue, pendue, foutue
- détritus ?
Planète poubelle
foutue pendue
Accrochée à un fil d'univers
et pssssht !
La génération pendue perdue foutue - disparue.

Bouffée d'immortalité.

En ce jour sombre et solitaire
je crois en l'immortalité
comme en un espoir
- un espoir fou.

La mer est à mes pieds
le ciel est à moi tout entier
je suis la mouette rieuse
au-dessus du voilier
je suis l'île orpheline
posée sur l'immensité
je suis une goutte d'eau
perdue dans l'univers
je suis le rocher
sur lequel je suis assise.
Mais il fait froid ;
soudain, l'immortalité
s'envole avec la mouette
et tout le reste
et je me lève pour garder
un peu de cette éternité
pour une autre fois.

Nombre de messages : 176 Date d'inscription : 25/10/2007

Glups...sans voix... Tes derniers textes sont saisissants, Veri.. Merci !!