Veripoèmes

(les tiens sont bien aussi ^^ )

Vieil Océan est mort
dit la mouette
Vieil Océan est la mort
dit le noyé.

Une poussière dans l'oeil
pendant plusieurs années
Battement de cils
- Où suis-je ?

Tempête dans les branches
Comme un cri d'agonie
Vent hurlant sa peine au monde.

Uniformité grise
La Voûte Céleste
en grève de contraste.

Fin d'année scolaire
nostalgie de l'année passée
regard rêveur perdu entre les vagues
un papier froissé traverse la rue
un chat à l'angle nous observe
quelques feuilles vert tendre
dans les branches écartelées
des arbres
- à quand les rires vers le ciel
à quand les oisillons affamés
les cerisiers du Japon en fleurs
les hululement joyeux à
trois heures du matin...? -
Parfois la vie se sent si seule
qu'elle arrive en retard
la mort si impatiente
qu'elle croque la vie à pleine dents
le vent coléreux emporte
les ailes blanches au large
perdues soudain dans la brume.
D'un seul vouloir
milles visages tournés
désir de grand large
dans tous les sens du terme.

Un visage un instant

Contemplation du paysage -
un peu de baume au coeur
Soudain entre deux nids d'algues
une femme entraperçue
Tristesse volée aux vagues
Rire piqué d'oiseaux marins
Sourire envolé dans le feuillage
Cheveux empruntés au vent
Tournant tournant dans la Rade
Un visage aux expressions aigre-douces
En un froissement d'écume
Presque sans remous
Une sirène engloutie par les eaux.

Kerzo

Si long, si long silence
Une plume blanche tombe
- bataille d'oreillers céleste ? -
Sur le ciel se détachent nettement
Les nuages vides de substance
S'estompant vers Groix.
Des grappes de bâtiments
Pleins d'espoir
Tendent leurs toits haut
Sur l'horizon dégarnit
- calvitie floconeuse
autour d'un îlot au loin -
Les vagues grincent
Contre le quai fatigué
Eclaboussure sur la vitre
Soleil avalé par la ville
De l'autre rive
- vue apocalyptique
entre deux tangos.

Le Soleil, espion caché,
des champs à perte de vue
et que d'arbres centenaires !

D'ici on ne voit pas la mer,
dit-elle, ici la mer pourrait aussi bien
ne pas exister.

Et en son coeur on entend comme
un bruit de vagues -
et dans ses yeux une voile.

La ville

La ville est fatiguée aujourd'hui
comme lassée d'elle-même
Les gens passent les uns après les autres
sans lever les yeux
là un journal perdu dans les bras du vent
atterrit dans la figure d'un gamin assis là
Tout le monde regarde
Personne ne dit rien
Personne ne rit
Le vent plie bagage, vexé
- personne n'a rit de sa farce -
pour aller loin, vers l'Est.
Les voiliers soudain sont au point mort
- voiles misérables et pendouillantes -
bredouilles les feuilles retombent
La vie, la ville, continue, lassée d'elle-même
fatiguée, fourbue, silencieuse... et sans vent.

Adieu, Ennui

Je suis si ennuyée parfois, si ennuyée
avec pourtant les taches qui s'empilent sur la table,
mais voilà...

J'aime écouter les oiseaux tôt le matin
J'aime regarder le lever de soleil derrière les arbres
J'aime le grondement du vent contre les volets
le bruit de l'eau sur le toit
la rumeur du ruisseau qu'on ne voit pas
sentir le vent trop froid au travers des vêtements
la chaleur de la maison en hiver
échanger les couettes contre des draps quand vient l'été
et l'odeur du livre neuf.

Je suis si ennuyée parfois, si ennuyée !
alors j'écoute l'oiseau, le vent, la pluie
et tout ce qu'il peut y avoir à entendre
je ferme les yeux et alors,
un nouvel univers s'ouvre à moi.

Nombre de messages : 176 Date d'inscription : 25/10/2007

Great !!!

Thank you ^^

19 avril

Un peu de poudre aux yeux
et des plumes plein la tête
Des mains à l'odeur d'orange
des sourcils en pinceaux
- arqués, interrogateurs.
Une coccinelle sur la vitre
Un sourire accroché, ravi,
à une feuille qui passe
Une, deux - non- trois !
hirondelles dans le ciel
Un homme avec son chien
un vieux couple main dans la main
un corbeau attaque une buse
(qui s'en fiche)
les premières feuilles dans les arbres - si vertes !
Dans les branches - mésanges et amourettes -
des enfants courent dans la rue
une femme rit aux éclats
- on dirait un cochon qui s'étrangle -
une petite fille semble se moquer d'elle
des jumelles, plus loin, montrent la moqueuse
" Regardes, elle est moche"
un adolescent assiste à la scène et hésite
entre rire et choc
sa grand-mère, elle, n'hésite pas
et se fend la poire.
Nous sommes le dix-neuf avril
et la journée ne fait que commencer.

Oreille tendue
- ais-je bien entendu ?
Incertitude
Dans les arbres tout proche
les oiseaux gaiement
se disent "bonjour".

Univers de verdure
après un siècle de bleu et de gris
- éblouissement -
Tant de couleurs vives
me font mal aux yeux.
C'est si beau.

NUAGE CROCODILE

Cette étoiles sous laquelle nous marchions
Ce nuage à forme de crocodile
Cet arbre souriant
Ont tous disparu soudainement.
A l'autre bout de la planète,
des enfants regardent les nuages
Un astronome découvre une étoile
et lui donne son nom
Au détour d'un chemin, un arbre
Clin d'oeil à un écureuil
Et là, les enfants -
nuage crocodile -
Sourire.

J'ai oublié...

J'ai oublié le nom
des choses
des gens
des roses

J'ai oublié le vent
des tristes
des souriants
des solistes

J'ai oublié qui
je suis
étais
serai

Et tant d'autres choses
oubliés
inaperçues
perdues

J'ai oublié vos noms
J'ai oublié vos âmes
Ne restent que vos empreintes
Peintes du bout des doigts
Dans un petit bout de
mémoire.

OVERDOSE

L'homme au regard fixe
dans l'arrêt de bus
L'homme que les pompiers
essayent de ranimer
L'homme au sourire extatique
que personne n'arrive à relever
L'homme au regard fixé
sur l'éternité.

Port de Pêche, vestige de splendeur
des murs décrépis et dégoulinants
les grappes de moules semblent
soutenir les piliers fourbus par
le poids du temps
Le Port de Pêche est presque mort
les goelands le savent
en vérité, il est déjà mort
les poissons l'ont payé
de leur chair
Bâtiments fatigués, dressés
vers le ciel en un dernier élan
Bâtiments désertés, tagués
éventrés par le vent et les embruns
Chuchotis lancés faiblement
Râle d'agonie des pêcheurs
Seule l'odeur indique la présence
du poisson
Aucun bateau à quai, ou presque
Dernier vestige de la splendeur d'antan
Dernier témoin de la révolution industrielle
Dans les hauteurs, les cris des hirondelles
Et puis le silence soudain
pour les pêcheurs partis au loin.

Les nuages semblent rayonner
- peut-être sont-ils heureux
de voir une terre après avoir passé
tant de temps au-dessus de l'Atlantique ?

Camélia blanc
pétales séparés
par trois traits roses
comme si un peintre inspiré
en avait peint chaque fleur.

En manque d'iode

Au fond de ma rétine
l'impact des arbres s'était effacé
Comme une épine
dans la chair bien installée
tout n'était plus qu'un horizon bleu
et gris - couleur changeante de la mer -
S'était déclaré un puissant feu
qui se consumait à même la pierre
Je ne sais plus vivre loin de la mer
La mer, la mère nourricière
Je ne sais plus vivre loin de la mer
loin de mon coeur
mon coeur de sel de sable
de lames.

Orage de mer

La symphonie de la pluie s'offre à moi
comme de l'encre s'étalant sur un papier vierge
Le bruit s'amplifie pour devenir une rumeur sourde
Tout n'est plus que trombes et déferlantes.
Un flash bleu illumine la pièce
l'espace d'une seconde je cligne des yeux
Un éclair déchire le ciel en deux
d'une ligne indéfinie et tordue
Bientôt tout n'est plus que bruit vent et eau.
J'écoute une heure durant accoudée à la fenêtre
puis sous les draps je me laisse bercer
et lentement je sombre souriante et ravie
mais celui qui m'a rendu visite cette nuit
n'était pas le Marchand de Sable mais
l'Orage de Mer.

Les hirondelles sont arrivées,
chevauchant les derniers
lambeaux de nuages de l'horizon
Oiseaux du Sud, le Soleil
soudain fait son apparition
quelques arbres sommeillent
encore - cerisiers en fleurs,
Neige de pétales en pleurs
sur le peu qu'il reste
de l'hiver
- Hirondelles au revoir.

Dehors, les cris des martinets
Silence dans la maison
- la plume de l'ennui s'est posée
comme une nappe de brouillard -
Dans le jardin d'en face
les bambous dancent avec le vent
tandis que les dernières lueurs du jour
s'évanouissent au loin.

CHANGER LA COULEUR DU TEMPS

Changer la couleur du temps
Du bout des lèvres, raconter tout
Se confesser comme si on allait
Mourir prochainement - demain -
L'Enfance étoile filante noyée
Dans l'univers marasmatique
Des souvenirs flous à perdus
Musique endiablée
Course sur un fil à voile
Plante des pieds en sang
Mais on ne peut pas, en aucun cas,
S'arrêter.
"S'arrêter c'est mourir",
Crie le martinet de passage
S'arrêter c'est mourir, alors
Il faut s'entraîner à garder l'équilibre
Etant enfants - afin d'amasser les miettes
Laissées par les morts.

SANS TOI, BIZARREMENT...

En ce début d'été, si chaud,
Tout apparaît et s'estompe
Tel un rêve.
Un enfant chante dans la nuit
- chant à la pleine lune
chant au soleil caché -
Te souviens-tu de cet été là ?
La lune et les vers luisants
Une lampe au fond du jardin
Chuchotis près de la haie
- te souviens-tu de cet été là ?
Un enfant chantait...
- entends-tu ces bruits, là-bas ?
Regardes les ombres s'allonger
Sous tes pas.
C'est bientôt l'époque des étoiles filantes.
Nous les guettions jusqu'au jour,
Au fond du jardin,
Chuchotis près de la haie.
En ce début d'été, si chaud,
Une lampe à la main,
Je ère. Mais sans toi, bizarrement,
Je ne trouve pas de vers luisants.

Deux pupilles de verre

Avec ce regard de verre, ces yeux si clairs
qu'on y plonge avant même d'y penser
que l'on contemple telle une
Splendeur Horrifique
- la peur au coeur et au ventre
peur qui nous prend aux tripes
drogue si bien conçue
capturés au premier regard
fascination maladive entre
amour et effroi
contemplation de son âme
Par un après-midi d'été orageux
sous un crachin vaporeux
les yeux verts d'un chat noir.