Poèmes

Ouaah, bravo pour les "tâches" "tachent" !!

Message bien reçu, Veri ! continuons à poésier allégro !! (ma non troppo...) Car il en va pour Elle, mère de mots, mer de maux, comme pour nous, ses messagers : elle est peu, tout, rien.

Un signe
Un cygne
caresse un cou
caresse un coup
bas, droit dans les vertèbres
on est peu, et tout, et rien
Assis sur le revers d'une claque
sourire déformé,
et les yeux plissés,
enfants de petites choses.

Dix minutes à l'écart...
Hélas,
je suis là
et tu es lasse
et je t'enlace
et tu t'en lasses...
Quelque chose de magique
quelque chose de tragique
De magnifique.

Si tu es le vertige,
et mes bras restent en toi comme à l'accoutumée,
Son souffle reste un secret bien gardé,
appuyé au mur comme à son habitude,
Photos, évaporées les mers, l'éclat de étoiles mortes, quelques minutes
prises en photo, les croix dessinées. L'imagination. La volonté. Photos.
Des frayeurs du lit, intimement déposées, avec délice,
comme l'arc se détend doucement, sans un cri.
Un lit pâle pour l'héroïne, sans un merci.
La reine, vide et pleine comme la ville de nuit. Elle s'endort.

On étale des nus
le long de l'avenue

Le chat, et son ombre et son double,
son frère jumeau,
son frère de lait,
et son esprit mal avisé
et son cortège de nuiseurs, et de nuitiers,
grimpaient ensemble la vague d'acier,
postés sur l'écume, fiers dressés, rageurs,
sur les tuiles sous la lune
sans parler écoutaient, à travers l'étoffe nocturne
la plainte des girouettes.

Non non !! La magie des chats, décidément...animaux du rêve (Murakami, quand tu nous tiens...) A propos, j'ai entendu une superbe chanson (sur deezer !) de Jean-Pierre Ferland, reprise par Charlotte Gainsbourg..."Le chat du café des artistes" : quoiqu'on pense de miss Gainsbourg, le texte est sublime, la chanson joliment arrangée... A écouter !!

Chacun de son coté
les flaques de lumière
aigre-douces
n'en finissaient pas
pas à pas
on ne se retournait pas
le demi-sourire des eaux claires
accompagnaient nos lents détours
une moitié du monde pour chacun
les doigts disjoints
glacés
des perles sur les pare-brises
le regard voilé
et ce gout volé
envolé

Très beau poème, Rafoufou.

Oh oui j'aime Eluard !! C'est même le poète que je lis le plus !! Sans doute mes textes ont-ils beaucoup de liens avec l'écriture d'Eluard, sans pour autant atteindre sa beauté.



Que te manque-t-il de la nuit ?
sa chaleur, son humeur, son soleil
les brumes enterrées
l'invention de l'aube, entre
deux verres posés, deux coupures closes
deux bordures rallumées,
les lentes inspirations de l'ange rouge ;
entrent les fantasmas, les yeux encadrés,
les briques sombres et poreuses, car
sous le joug du jour
plus d'une feuille a trempé
plus d'une femme a appelé
plus d'un astre a vidé sa soif
plus d'un lien froid s'est nommé
plus d'un homme a brulé
plus d'un cercle d'argent a trébuché
plus d'une écaille a écorché...avant son heure, trop avant.

Taille-la en pièces, satin noir,
cette nuit capiteuse,
et lave ton couteau.

Avant

Si j'aime, j'enfouis ta tête
trois pieds sous terre,
la course lente, et fastueuse
des planètes flottantes
collée sur tes yeux, un peu de toujours,
fixé sous tes cils,
pour toujours.
Au pied d'un séquoia maquillé,
je remarque une ou deux branches en plastique
et je creuse encore. Encore.
Si j'aime fort...


Après

J'ai déjà taxé le ciel,
effacé mes dettes,
acheté une rédemption miniature,
enfoui aussi mon cœur,
mon amour et mes premières heures,
et je me tenais debout,
sous les ardeurs du silence
comme au pied du séquoia maquillé.
Un don aux racines, comme au berceau,
les années prendront soin de ta chevelure.


Plus tard

Par terre des épines sèches,
une plume de vautour,
sur le sable crispé,
immobile
le corps plié,
immobile
le baiser fondu.

Ici on ne fait pas rimer
alphabet avec minaret
voyance cathodique
connexions bibliques
Danger...ne pas avancer !
Rien d'animal
n'éteint la sainte fringale
Rien de pervers
ne soulève le saint suaire.

Les milles vestibules de Babylone
s'effacent contre le trop fort soleil
Dents de demain, et mains dedans,
je lâche
le temps, l'argent, les gens
le pourquoi du comment
les celsius les Commandements
les bazars, des milles et des centaines
petites longues artères,
fines pendules,
lettres penchées ou sabres souriants
je n'aspire que tout
et je mords les dédales,
doux dingues dédales
des dalles et des hommes,
éreintés de sommeil.

de rien ! lol


Maintenant, le salon est vide
à part pour quelques
idées gelées
Planent tes lointains passages,
allées et venues,
encore éclats répandus
encore moins douceurs
Pétales de verre
pour fleur d'hiver
main langoureuse
pour langueur amoureuse

...un ou deux apollons
en échasses
en chasse de frayeurs violettes,
vous savez celles qui fleurissent un seul jour
ou d'une nuée de mouches...

En distinguant
une galaxie au fond du couloir
en réparant
les cassures de la mer avinée
en dessinant
le lit où tu dors tranquille
tu laisses entrer
comme un brin de lumière

.
Hier, tu construiras une arche
toute l'avidité tu la sauveras
et le fou rire et la juste colère
Tu pourras y mettre
bien à l'abri
toutes les choses à mystère
ce qui parcourt la Terre en diagonale
avec les autoroutes
et les chemins de traverse.
.

Transparent indigo
manger, tordre, éclore
ivre parfum
manger les ongles et fruits
tordre le courroux
éclore ta ceinture

Indifférent pays sage
pour y cueillir
les fleurs du carnage
sans voleter dans la bourrasque
ni vieillir

En plein lendemain, courage,
mordu en creux de bouche,
héritage