Poèmes

bien raide, cheveux nus

et plantez-la

Je vais marcher à côté d'une machine
tuer l'oiseau et manger son chant
capturer le souffle du soir
être une étoffe, m'agripper
être le vêtement que tu porteras
les jours d'enterrement
pour maintenir ce corps transi
devant l'Eveil

( )
si ton visage est là
touche-le
sens-le griffe-le
( )
une ombre y passe
éraflure
les épines défient le vide
des os jetés d'en haut
heurtent le goudron du trottoir
( )
une main sèche
l'arbre est mort
sa sève a jaillit
comme un mur gelé
façade transparente
les araignées se blottissent dans les coins
( )
le froid prend possession des rues désertes
une main s'étendant
l'eau crépite
des fils électriques pendent
et des bancs de bois décèdent
atteignent la solitude
( )
paumes sur mes épaules
rend-moi invisible
sœur
manteaux noirs
agitation juste pour nous
courant dans les veines
de la mère nuit
( )
voix qui percent
écoulement d'abandon
reflets jaunes granulés
sur l'avenue
la main efface
passe sur les plis
et les rides vertige
somnolence
oubli
( )

une pierre dans le ventre
pour te maintenir au sol
au sable
sous l'océan
les autres dérivent
les courants changent
ils remontent à la fin
tu veux juste
une pierre dans le ventre

Fuis le monde
la symétrie des visages
entouré de nature
tu expires
et d'arbres tordus
ébouriffés
une capuche
des gants noirs
du désordre entre les doigts

La graine

La grisaille qui plane, là-bas
tandis que d'autres griment la mer en écharpe !
Si le temps se compte et s'oublie
marche par marche alors
règle ta montre à l'heure des loups
car aujourd'hui le corps cède
aujourd'hui est encore
un jour pas ordinaire,
car aujourd'hui on sait
L'aube s'épanche et vide le ciel
de ses derniers soupirs
alors qu'en bas dans le noir
accroupis au fond du lit
on retient nos dernières gouttes
d'extase, d'un tremblement
comment une si petite chose... ?
La bruine s'en mêle et s'agglutine
sur les fils électriques puis
va étancher la soif de ce sol
de béton fissuré
Quelque part une graine invisible
si petite chose...
travaille à le percer
Tout autour, miradors,
les idées des messies résonnent
dans les chambres glacées
par le grésillement de la télévision
résonnent sur les murs nus
idées de lames, de foutre et de dés pipés
de vie remuée en cendre
d'un fleuve en crue au creux du coude
palpitant dans la veine
et ses écluses lâchent
marche par marche
sur le carrelage immaculé
sous lequel pousse fort la graine
Des places vides, des rues effacées
des gens qui parlent à tout le monde
de vagues pensées de vagues résolutions
des notes de musique fredonnées dans l'air !
Enfin des multitudes, et la ville
qui s'ébroue au sortir de la transe
des larmes
des armes contre les larmes
dans ta bouche arc-en-ciel !
Des grillages aussi, à perte de temps
les tâches d'obscurité sous
l'astre qui monte en éclaireur
marche après marche
Et le fleuve se tait, et les lampes
sont noires, et à portée de main
les lignes du matin
se croisent, incendiaires
comme nos lignes sur la paume
nos rails, nos fils lourds de bruine et d'électricité
nos câbles gris
qui loin derrière tout ça
forment une croix.

Merci beaucoup Veri !!! C'est vrai que j'aime bien moi aussi "la graine", parce qu'il y a une histoire derrière (les "câbles qui forment une croix", c'est bien sûr la rencontre de 2 vies) , et pour les images aussi, qui viennent toutes seules...moments étranges parfois...
Bon, bref, ces temps-ci peu d'inspiration (si ce n'est pour une nouvelle publiée dans la section prévue)...juste un petit texte :




Une pierre en forme de goutte d'eau
cherchait à vouloir
pour enfin rouler
sur un lac de glace
L'arbre regardait, et cherchait à appartenir
tout en secouant son tronc gelé
Le lac craque
la pierre coule
on ne la revoit plus
Tout se déroulait
dans mes yeux

Fragment, entaille !! ton astérisque écorche
et enflamme la buissaille
plus d'un se perdent
des gens pas supportables
des gens passants
des gens passés
des gens dépassés
des gens trépassés même
des gens pas sages
des gens de passage
des gens pacifiés
des gens pas surs
et j'en passe
et des pas mures
et même par dessus les murs
ils passent, plus de respect !
violence légalisée
ton huis-clos, cette catastrophe
s'arrache les cheveux !!
je m'approche
tu écartèles
je me retourne
tu libères un secret
laisse-moi briser ta coquille
et sucer cette effervescente cervelle !
oh vertige !!
Vertigineuse...
falaise...?
ravine ?
montagne de pied d'acier
au sommet doré
plein de ton si précieux silence
de là-haut le secret s'envole...
son aura éclaire, brise
mais n'esbroufe pas
La tête des gens passants se lève
tout d'une même tête, anonyme, grimaçante, morne
le secret passe et les dépasse
à peine reflété dans leur œil mort
Et moi alors !
que me reste-t-il d'autre
qu'une relique morvolante,
dépossédée ?
Ta langue coupée qui tourne
comme un cylindre
un barillet
donne-moi un peu plus de silence !
de ton silence
le bord de tes yeux
une diversion
le trait pâle
comme une division

Dans le vaisseau en soupirs
bouches dorées, couleur glace
quand une goutte perle le long
du bras, évanouie
quelques visages

.
.
.
Sans se faire surprendre
accroché au balcon
lâché vers la porte aux trois coups
éraflures de flammes
en roue libre s'évadent
en fusées d'artifice
balles rebondissantes
trois coups tout juste
quelqu'un frappe et attend
derrière la porte blanche
il y a un enfant qui va chercher
ses yeux
et chasser
des monstres
une lanterne à la main
et tranquillement dévorer
les cœurs rigoureux
sans se faire surprendre.
.
.
.

Une ombre
entre les immeubles blancs
le craqueur d'allumettes passe
éteindre les songes
d'une bouffée incandescente
étincelle
en fumée
s'en va le temps
et j'attends
que tu entres dans un rêve
pour sortir une allumette
et me craquer d'un coup sec
observant la flamme se consumer
beaucoup de départs
mais jamais à la même heure
le bout s'effrite en suie
l'allumette tombe
s'éteindre dans une flaque d'eau

.

on tourne

La terre se penche
le ciel se renverse
on tourne lentement
voix plaintive
les paroles planent
l'instant décolle

sous les armures
dans les sabliers
on efface les frontières
entre nos appartements
parmi les étoiles de néon
il n'y a rien à faire
à part chercher
des yeux, et les instants
de reflets
quand le matin
reprend ses droits
avec toute sa confusion
sa main s'accroche
à notre dernier étage
debout par nécessité
et les vêtements dispersés
sont nos ombres brisées
les lignes des quartiers
se croisent mais
nos souffles restent parallèles
la fumée s'élève
brouille notre langage des risques
les immeubles s'échappent en bulles
sous les retombées solaires
la journée s'écoule comme
une répétition de réveils

Chris est mon Christ
j'ai envoyé mon corps
très loin dans une valise
vers d'autres aéroports
je me suis évanoui
dans la nuit japonaise
par leurs fenêtres vides
les maisons regardaient
j'ai parlé aux néons

Nos deux petits héros se battent
ils ont toujours besoin d'un ennemi
enfermés dans leur globe de cristal
à la vue du monde
dans longtemps les embrassades
Rouges héros

Je voudrais qu'on marche toute la nuit
et tout le jour
et la nuit suivante

Une lampe
un contact
traverser le pont
attraper froid

Une envie me venait
des coulisses de moi-même
alors juste marcher
juste marcher

Une main chaude
enveloppe
agrippe
c'est une source dans cette nuit

Et tout ton être
me tenait
En surface l'eau s'agite
dessous le courant gronde
Un filet de nuages
en guise de cheveux

Au delà des distances
le sourire perce
à nouveau

Tu dis :
"Je préfère sentir
la sure morsure
que de ne rien ressentir"
Alors quand elles mettent
leur cœur hors de portée
le rebond d'une balle
flottante et trouble
brise les longues lignes.
Tu comprends alors
que la vraie nudité n'existe pas.

Pris entre dents et racines
Faire un nœud avec les ombres.

............ ................
........... .............. ............

En parlant, elle découd les minutes
la Voie Lactée faillit
les cloisons s'évaporent en chantant
un écho
trace dans l'espace des chambres vides
un signe
flou comme l'instant

Demain était le premier jour

.... ...................... .......
.......... .......

.
.
.

En allant vers

Car c'est la plus belle chose
d'un obscur compromis

?

Pris entre eux
le coq de papier
criera pour

Enfin, nous éteindrons, enfin

.
.
.

Me voici ravi, ravisseuse.
Ravi tout entier,
de la tête au pied.
Ravissante, tourne donc
la tête
à d'autres que moi.
Je suis ravi,
et tout entier emporté
vers un trop clair orage.

Chris n'est pas mon Christ
et son nom crisse,
dépareillé, hagard
les cheveux en pétard,
comme un crime,
dites donc.
Je l'empoisonne,
mais je suis son coeur.
Un petit peu je meurs,
tandis qu'Elle rit.
Toujours.

Elle...

Et je...

On était sur la même longueur d'onde
mais pas réglés à la même heure.
Apprend-moi à inspirer
à l'instant de toi.
Un pas de travers, une note juste sifflée
nos doigts font la cage de l'oiseau nu
Nos mains des habits, pour les apparences,
déshabillent
Après toi, je tiens la porte,
sombre dans les abimes d'un soir
plus doux que froid.
Tu as posé deux allumettes
sur la table de verre
et un mot, comme une note injuste,
d'un retour de flamme
calcinant et pur.

.......
Tes yeux
des taches
des pigments
tes yeux tâchent d'être vivants
Taches ouvertes,
éclaboussures noires
tes yeux tachent l'étendue blanche
d'une heure d'amants
Noir d'ancre, une attache
contre les vents, les marées noires
les longs moments de chasteté,
de chasse ouverte...
Pour que tu saches
quand je te mens.
......

Tes yeux détachent
ma pensée doucement
Et un souffle s'arrache
sagement
pour voguer en devant
de la mer
aux taches vertes.

Là où
lointain enfin
on s'échoue...
volontairement.
......